En psychothérapie TCC, l'exposition réduit l'anxiété


Un homme sur une moto dans les airs

L’équation mentale de l’anxiété, selon le Dr. Stéphane Bouchard, professeur à l’Université du Québec en Outaouais et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en cyberpsychologie clinique, est la suivante :

Conséquences x Probabilités x Imminence   = Danger / menace
Perception d’efficacité personnelle

Selon cette équation, le danger perçu par un individu entraîne de l’évitement, qui en fait maintient les conséquences (négatives) perçues, la surestimation des probabilités de la menace en question, l’imminence du danger, et la faible perception d’efficacité personnelle à affronter la situation, et ainsi maintient l’aspect dangereux ou menaçant de l’objet ou de la situation.

Le système limbique, et plus spécifiquement l’amygdale, détient le rôle de réagir rapidement lorsque l’on perçoit une menace. En 12 millisecondes, la réaction de stress est déclenchée. La deuxième étape du stress se passe au plan émotionnel, et c’est seulement après ces deux premières étapes que les informations sont traitées cognitivement et que l’individu est capable de donner un sens à l’expérience. Bien que cette réaction soit essentielle à notre survie, elle devient pathologique lorsqu’elle est présente constamment, en l’absence d’un réel danger. Ce qui est intéressant d’un point de vue clinique, c’est que comme il y a un effet de cascade, cela veut dire qu’il y a plusieurs moments et plusieurs façons d’intervenir afin de corriger les fausses perceptions de l’individu. De plus, lorsqu’un souvenir est réactivé (p. ex. je me suis fait mordre par un chien), il peut être modifié lorsqu’il sera ré-emmagasiné en mémoire, et on donne ainsi la chance à l’amygdale de réapprendre les nouvelles associations avec ce qui était perçu comme menaçant (p. ex. tous les chiens ne sont pas féroces).

La thérapie cognitive-comportementale (TCC) a un taux de réussite chez les personnes présentant un trouble anxieux se situant entre 60% et 90% et permet un maintien des gains à long terme. Cette approche a pour but de diminuer et faire disparaître les symptômes d’anxiété. Les stratégies d’intervention de la TCC comprennent, entre autres, l’analyse fonctionnelle de votre client ou patient (chaque client est unique), la psychoéducation, la restructuration cognitive, l’exposition, la résolution de problèmes et la prévention de la rechute. L’exposition consiste à amener le client à se confronter à ses peurs afin de corriger les associations dysfonctionnelles entre le stimulus et le danger (plus exactement, à en créer de nouvelles avec l’absence de danger). Lorsque vous faites de l’exposition avec vos clients et patients, il est important d’adapter l’exercice à l’individu : il n’y a pas de hiérarchie automatique ni de recette à suivre, et il est fondamental de toujours cibler l’association dysfonctionnelle propre à votre client. L’exposition peut être une exposition classique, visant plutôt l’extinction, ou peut consister en des tests comportementaux, visant à tester les croyances de l’individu. Il est aussi important de bien doser la progression et de prêter attention aux micro évitements que votre client peut manifester, tels que la relaxation. Eh oui, la relaxation ne fait pas partie du traitement de l’anxiété et peut en fait être considéré comme une forme d’évitement. Autre notion surprenante : saviez-vous que, malgré le fait que la plupart des cliniciens savent que l’exposition fonctionne, plusieurs ne l’utilisent pas en clinique ? En effet, il semblerait que plusieurs cliniciens aient du mal… à tolérer l’anxiété de leurs clients. Et pourtant, en tant que professionnel de la santé mentale, notre rôle premier est d’accompagner nos clients vers la rémission. Oui, votre client sera anxieux lors de l’exposition, mais rappelez-vous que cette anxiété diminuera avec chaque exposition et que le but de l’exposition est d’amener l’amygdale à apprendre que le ridicule (trouble d’anxiété social), les araignées (phobie spécifique), l’incertitude (trouble d’anxiété généralisée), etc. … sont inconfortables, certes, mais ils ne tuent pas. Lorsque l’exposition ne fonctionne pas avec un client, cela peut vouloir dire deux choses : soit vous ne vous attardez pas à la bonne cible, soit votre client fait de l’évitement. Il est aussi important de toujours faire l’exercice d’exposition la première fois avec le client et de s’assurer que l’alliance thérapeutique soit forte afin que l’exposition puisse fonctionner.

En conclusion, l’exposition constitue une des stratégies les plus efficaces contre les troubles anxieux et devrait être intégrée dans le traitement de ces troubles. L’exposition consiste à mettre fin à l’évitement, de façon adaptée aux besoins du client, afin que le système limbique puisse apprendre qu’il n’y a pas de danger. Il faut toujours une bonne évaluation pour cibler les mécanismes en jeux pour chaque client. L’exposition peut se faire de plusieurs façons, soit en imagination, in vivo ou en réalité virtuelle. Rappelez-vous qu’il faut, comme le dit le Dr. Stéphane Bouchard, « penser en amygdale ». On veut que le client comprenne, non pas avec sa tête mais avec ses émotions, que oui, un stimulus ou une situation est désagréable, mais pas dangereux.

Gabrielle Ciquier, M.Sc.

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