Psychologues, ARH et accès aux services en santé mentale: Ne perdons pas de vue le véritable enjeu!


Deux mains se serrent

Photo de Priscilla Du Preez



Environ 2000 étudiants entreprennent chaque année un baccalauréat en psychologie dans une université québécoise. Or, contingentement oblige, moins d’un sur six a accès au doctorat, obligatoire depuis 2006 pour avoir le droit de pratiquer comme psychologue, comme presque partout en Amérique du Nord.

Ceux qui ne sont pas admis au doctorat ont cependant la possibilité, s’ils le désirent, de mettre leurs compétences au service de la population, cela notamment à titre d’agent de relations humaines (ARH). Comme le soulignait la Dre Karine Gauthier dans un article percutant, il n’est d’ailleurs pas inhabituel que des postes de psychologues soient abolis et transformés en postes… d’ARH. Ainsi, alors que le nombre de psychologues travaillant dans le réseau public tend à diminuer, en grand partie en raison des salaires anémiques qui leurs sont offerts, celui des ARH tend à augmenter.

Le Québec est aux prises avec une pénurie importante de psychologues et on s’affaire à trouver des solutions au problème criant du manque de services en santé mentale. Ce faisant, il est impératif d’éviter de tomber dans la simplicité et d’en venir à considérer ARH et psychologues comme étant interchangeables. Cela serait aberrant, comme le serait l’idée de considérer le champ d’exercice d’une infirmière comme étant interchangeable et donc équivalent à celui du médecin, de celui du technicien en travail social à celui du travailleur social, ou de celui du technologue à celui de l’ingénieur.

Par ailleurs, il est tout aussi impératif d’éviter que la question de l’emploi des bacheliers en psychologie, et donc des ARH, ne devienne une distraction visant à nous faire oublier les conditions de travail déplorables des psychologues dans le système public. Aussi est-il grand temps de prendre le taureau par les cornes et de s’attaquer à la question des salaires des psychologues. Je rêve du moment où les psychologues appuieront sans détour leurs associations et où les associations de psychologues montreront véritablement les dents. Je rêve aussi du moment où l’Ordre des psychologues montera aux barricades, fort de sa crédibilité et de sa capacité d’influence. On ne peut plus prétendre que cela ne relève pas du mandat de l’Ordre. En effet, favoriser le développement de la profession mais surtout, défendre l’accessibilité aux services psychologiques, font partie intégrante et explicite de son mandat.

Or, sans psychologues, il ne peut y avoir accès aux services psychologiques. Et sans salaire adéquat, il ne peut y avoir de psychologues dans le réseau public!


Par Martin Drapeau, Ph.D., Université McGill

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