« Parler du suicide sauve des vies » : c’est le thème de la 30ème Semaine de prévention du suicide se déroulant au Québec du 2 au 8 février 2020. Cet événement est l’occasion de nous rappeler que, chaque jour en moyenne, 3 personnes décèdent par suicide et 80 tentent de se suicider. Au total, 1045 personnes se sont enlevées la vie au Québec en 2017, dont ¾ étaient des hommes. En 2017, une légère diminution du taux de suicide a été observée chez les hommes, alors que le taux de suicide est demeuré stable chez les femmes. Les taux d’hospitalisation pour tentative de suicide, eux, sont en hausse.
L’association québécoise de prévention du suicide défend l’idée que, tout comme une personne gravement accidentée de la route quitterait l’hôpital avec un plan de traitement rapide et soutenu, une personne blessée pour tentative de suicide devrait bénéficier du même type de soins et de soutien, mais d’ordre psychologique. Et cela passe notamment par un meilleur accès à la psychothérapie. Les psychologues et psychothérapeutes sont bien placés pour saisir la nécessité d’assurer un tel suivi et ils en connaissent la complexité et la difficulté éventuelle.
Il est bien démontré que les traumatismes, les mauvais traitements et la négligence, entre autres, sont associés à la présence d’idéations suicidaires et de passages à l’acte. Afin que « Parler du suicide sauve des vies », il est essentiel que l’écoute de la détresse et l’établissement d’un lien de confiance adviennent. Conscients des facteurs de risque individuels et environnementaux associés au désespoir et à la problématique du suicide, comment les cliniciens peuvent-ils prévenir un geste radical et favoriser la résilience de leur client ?
Delphine Collin-Vézina, psychologue clinicienne et professeure à l’université McGill, travaille précisément sur les thématiques du trauma, de la violence et de la négligence depuis de nombreuses années. À partir de ses travaux et de son expérience clinique, elle a bâti une formation portant sur l’intervention auprès des adultes ayant vécu de l’abus durant l’enfance et dont les séquelles nuisent plus ou moins gravement à leur fonctionnement ou à leur épanouissement. Cette formation ciblée pourrait s’avérer utile dans la pratique courante des psychologues et psychothérapeutes qui œuvrent auprès d’une clientèle adulte vulnérable.
Pierre-Marie Houdry, directeur d'Asadis