Une formation en psychologie en accélérée


Photo d'un amphithéatre étudiant

Photo de Nathan Dumlao sur Unsplash



Comme nous vous l’indiquions précédemment, le Groupe de travail sur l'optimisation de la formation en psychologie a récemment remis son rapport. Ce comité avait notamment pour mandat de déterminer comment les parcours de formation en psychologie pourraient être optimisés. La situation nécessite en effet une réflexion et des solutions urgentes : on estime qu’il manque au moins 900 psychologues dans le réseau public québécois.

Selon le comité, l’un des enjeux serait la formation doctorale, laquelle serait trop longue, notamment lorsqu’il s’agit d’un Ph.D. Ainsi, le doctorat dit professionnel ou clinique, soit le Psy.D. ou le D.Ps., offre une solution intéressante au problème, car la durée de la formation y est plus courte qu’au Ph.D. parce que la recherche y occupe une place moins importante. Ainsi, comme il nécessite moins de supervision étroite en recherche et que le projet de recherche qui est mené au doctorat clinique est de moins grande envergure que la recherche menée au Ph.D., la formation devrait s’avérer plus courte. Quand on sait que la majorité des psychologues ne feront pas de recherche (tout en reconnaissant qu’ils doivent être des consommateurs critiques de littérature scientifique), une formation moins poussée en recherche peut faire sens. Sans surprise, le comité a donc recommandé que les universités prennent les mesures nécessaires pour que les étudiants inscrits à un doctorat clinique terminent le programme en quatre années maximum (suite au programme de premier cycle), notamment en s’assurant que le volet «recherche» soit bel et bien de moins grande envergure que dans le cadre d’un Ph.D.

Quatre ans, c’est possible?

Les programmes de formation universitaire des psychologues doivent être reconnus par l’Ordre des psychologues du Québec (OPQ) pour qu’un diplômé ait accès à la profession; ainsi, l’Ordre fixe les critères minimaux d’accès à la profession. Selon le Manuel d’évaluation des programmes de doctorat en psychologie de l’OPQ, l’ensemble des activités de formation théorique, excluant donc la formation pratique, doit comporter un minimum de 45 crédits. Cela inclut 12 crédits dédiés à la recherche. Quand on sait qu’un cours typique sur une session équivaut à 3 crédits, cela représente l’équivalent de 15 cours au total.

Si l’on admet qu’une session universitaire à temps plein représente habituellement 15 crédits de cours (soit 5 cours de 3 crédits), cela veut dire, en théorie du moins, que la formation théorique, recherche comprise, pourrait se faire en… un an et demi. En fait, elle pourrait même être plus courte car l’OPQ permet que jusqu’à 15 crédits de la formation doctorale se fasse lors… du baccalauréat. La formation théorique au doctorat pourrait donc ne comprendre que 30 crédits, soit 10 cours, ce qui pourrait se faire en deux sessions universitaires, soit moins d’un an!

Évidemment, à ceci s’ajoutent 2300 heures de formation pratique, sous forme de stages (700 heures) et d’internat (1600 heures). L’internat se fait habituellement sur un an complet, à temps plein. Le stage, quant à lui, même s’il pourrait se faire en la moitié du temps que requiert l’internat, donc en un peu plus de temps qu’une session, implique souvent divers placements dans des sites cliniques différents. Cela signifie que le placement des stagiaires est souvent complexe, ce qui, à son tour, requiert plus de temps. Ainsi, si l’on imagine, de façon conservatrice, que le stage requiert un an, que l’internat requiert un an, et que la formation théorique nécessite un an et demi, cela signifie que la formation doctorale requise par l’Ordre pourrait se faire en trois ans et demi, cela dès la fin du baccalauréat. La recommandation du comité quant à une durée de formation doctorale de 4 ans semble donc raisonnable, en théorie du moins. La formation complète du psychologue, baccalauréat compris, serait ainsi d’un maximum de 7 ans, donc plutôt comparable, et non beaucoup plus longue comme c’est le cas maintenant, à celle du médecin.

Voilà donc pour la théorie. Il reste à voir si en pratique, c’est raisonnable!

Par Martin Drapeau, Ph.D., Université McGill

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